Pour la première fois en douze ans, la mortalité routière a augmenté. L’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière) relève en effet 3 388 décès sur les routes en 2014, soit une hausse de 3,7 % et de 120 décès par rapport à 2013 (qui avait connu une baisse record depuis 1948, date des premières statistiques). Pour éviter que ces chiffres ne poursuivent leur hausse cette année, le gouvernement a pris une série de nouvelles mesures.
« Selon les données de l’Observatoire, encore provisoires, cette augmentation s’explique en premier lieu par une hausse sensible de la mortalité routière de trois catégories d’usagers particulièrement vulnérables : les piétons (+ 8 %), les cyclistes (+ 8 %) et les cyclomotoristes (+ 6 %).
« L’augmentation est plus modérée chez les automobilistes (+ 3%), mais représente néanmoins une cinquantaine de décès supplémentaires ; le nombre de camionneurs et de motocyclistes décédés sur les routes reste relativement stable.
« Les accidents corporels augmentent de 1,7 % et leur gravité est plus importante, au regard du nombre de personnes qui ont dû être hospitalisées (741 en plus, soit une augmentation de 2,9 %). Le nombre de personnes blessées est également en hausse (+ 2,5 %).
« Les derniers résultats du mois de décembre 2014 ont enregistré une baisse importante de la mortalité routière (- 8,9 % soit 28 personnes épargnées) par rapport à décembre 2013, sans toutefois parvenir à inverser la tendance générale pour l’année 2014. Au cours de cette même période, le nombre de personnes hospitalisées est en baisse de 5,4 %, celui des accidents corporels de 1,9 % et celui des personnes blessées de 0,9 %.
« Synonymes de drames humains, de vies brisées et de blessures souvent irréversibles, ces résultats doivent être le signal d’une réelle prise de conscience et d’un engagement plus important de la part de tous les usagers de la route.
« C’est dans cet esprit et en lien avec l’ensemble des ministères concernés (Justice, Éducation nationale, Transports, Santé) que le Ministre de l’Intérieur, Bernard CAZENEUVE, a décidé de mettre en place un plan d’action pragmatique et ambitieux pour combattre l’accidentalité routière sous toutes ses formes.
« Mieux connaître les causes pour une approche pragmatique et des mesures ciblées : Bernard CAZENEUVE a souhaité adapter les méthodes d’analyses et de prise en compte de l’accidentalité. La méthodologie du recensement des causes des accidents a donc été revue pour en affiner l’analyse.
« Jusqu’à présent, 40 % des causes d’accidents mortels n’entraient dans aucune catégorie statistique exploitable, dans la mesure où les forces de l’ordre disposaient d’un choix limité à 5 causes pour relever l’origine probable des accidents mortels de la route. Dès ce début d’année 2015, ce choix a été étendu à 14 causes possibles.
« Sur la base de ces analyses détaillées, un dispositif de suivi par département sera mis en place, pour optimiser utilisation et répartition des moyens de lutte contre l’accidentalité routière sur le territoire. Pour chaque département, un tableau de bord confrontera les résultats de sécurité routière au niveau d’emploi des moyens humains et techniques à la disposition des forces de l’ordre. Ces tableaux de bord permettront ainsi de renforcer le pilotage national.
« Le plan d’action pour la sécurité routière vise à mobiliser l’ensemble des registres d’intervention en matière de sécurité routière. De la formation des conducteurs à la sécurité des véhicules et des infrastructures, il constitue un plan global et cohérent.
« Les 26 mesures présentées répondent, pour chacune d’entre elles, à des causes d’accidents déjà identifiées. Elles permettront de prévenir et de traiter l’ensemble des comportements à risque.
« Les 26 mesures s’articulent autour de 4 axes :
> Sensibiliser, prévenir, former ;
> Protéger les plus vulnérables ;
> Lutter sans relâche contre les infractions graves ;
> Améliorer la sécurité des véhicules et des infrastructures »
Source : Ministère de l’intérieur.
Voici ce qu’il faut retenir de ces nouvelles dispositions :
– Amélioration de la sécurité des piétons : les véhicules (hors deux-roues) auront interdiction de se garer à moins de 5 mètres des passages cloutés et les sanctions seront renforcées à l’encontre des conducteurs qui, stationnant sur les passages protégés, trottoirs ou pistes cyclables, mettent en danger les piétons en les obligeant à les contourner.
– Renforcement des contrôles : le gouvernement prévoit de poursuivre la modernisation des 4 200 radars actuellement en service et de relancer le déploiement de radars « feux rouges » en leur associant systématiquement un module de contrôle de la vitesse, notamment en agglomération. Quant aux radars double-face, qui permettent de photographier l’avant et l’arrière d’un véhicule qui roule trop vite, ils seront davantage déployés pour mieux identifier les auteurs des infractions. La taille et le format des plaques d’immatriculation des deux-roues motorisés devront également être uniformisés pour en faciliter les contrôles.
– Augmentation de la prévention : des opérations de sensibilisation aux risques liés aux pratiques addictives et à l’utilisation du téléphone portable au volant seront développées, avant le lancement, en février, d’une campagne d’information sur les blessés de la route. En clair, les systèmes « de type écouteurs, oreillettes, casque, seront interdits, c’est-à-dire que les kits piéton qui ne permettent pas d’éviter la manipulation du téléphone (pour passer ou recevoir des appels) sera proscrit. Il faudra donc s’équiper de véritables kits mains libres pour pouvoir continuer à passer des coups de fil tout en conduisant. Le plan prévoit aussi de généraliser un module de sensibilisation à la sécurité routière en classe de seconde à la rentrée 2015, ainsi que lors des journées de défense et de citoyenneté. Il est enfin prévu de moderniser l’enseignement de la conduite.
– Baisses des limitations de vitesse dans certaines villes : les maires pourront choisir d’abaisser les limitations de vitesse dans de grandes parties, voire dans la totalité d’une agglomération. En outre, sur certains tronçons de route à double sens identifiés comme zones à risques, la vitesse maximale autorisée pourrait passer de 90 à 80 km/h.
– Développement des boîtes noires : le Ministre entend « soutenir les démarches européennes sur l’installation d’enregistreurs de données de la route (EDR) dans les véhicules », que l’on appelle communément ‘boites noires’ ou ‘mouchards’. Ces dispositifs permettent en effet d’exploiter les données enregistrées comme la vitesse du véhicule ou le freinage avant un accident.
Le Ministre de l’intérieur, qui a présenté son plan au Conseil national de la sécurité routière puis à la presse, espère ramener à 2 000 le nombre maximal de morts sur les routes en 2020. Cependant, la plupart des mesures annoncées par le Ministère de l’intérieur nécessitent une évolution législative qui s’effectuera à plus ou moins long terme, comme le souligne la rédaction de Caradisiac : « Et quant aux délais de mise en place, nos différents interlocuteurs rencontrés à Beauvau lundi (le 26 janvier, ndlr) sont restés, à l’image du Ministre de l’Intérieur, bien vagues. Affaire à suivre donc… »
Retrouvez l’intégralité des mesures en cliquant ici.
Sources : Caradisiac, Lemonde.fr, Ministère de l’intérieur
Crédits photo : Sécurité routière
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